► Bibliographie ► Principales expositions ► Gordes 1998 ► Avignon 2006
► Ménerbes du 30 juillet au 10 septembre 2016
En 1951, Prassinos découvre le paysage des Alpilles. Le vin du mas de la Dame n’est pas encore lancé ; le Destet est une forêt où déambulent calmement les sangliers ; l’à peine village des Baux ne ressemble pas encore aux pieds de la tour Eiffel ; à Saint-Rémy, les habitants du boulevard Mirabeau ne jouent pas aux Provençaux professionnels. Dans leur immobilité froide de l’hiver, dans la torpeur et la touffeur de l’été, les Alpilles paraissent "mises en page" par une puissance absente et vibrante à la fois. Entre Mario et le pays d’Eygalières, coup de passion. Le voilà installé pour trente-quatre années. Il peindra presque toujours les Alpilles à l’encre de Chine sur papier, en grande hâte et virtuosité : il a les Alpilles "dans les mains" ; c’est un thème d’exercice, une incantation, un hommage. Il lui arrivera de traiter les Alpilles "dans l’épaisseur", avec des pointes de couleur : ce sont les "Paysages turcs". Quelques glissements supplémentaires et Prassinos en sera aux portraits : Bessie Smith, Prétextat, le chien Propro. Moutonnement de massives massues, pains de sucre, grouillements coagulés ou fourmilières en émoi, mottes, mastodontes - et toujours un regard caché dans l’épaisseur de la peinture, comme à partir de 1980 seront cachés dans le feuillage des arbres nocturnes l’étonnement des cyclopes à l’œil fixe, la peur du mauvais larron, la douleur du supplicié : "Mon père, mon père pourquoi m’avez-vous abandonné ?" (Je ne suis pas en train de céder à la tentation du flou et de l’obscurité lyriques - je veux simplement attirer l’attention sur la passion grecque du peintre). Il a peint pendant plus de trente ans son "sujet" emblématique - cette "colline tatouée", ce fouillis de rochers, de troncs tordus, de verts secs et durs - dans un sentiment de fidélité et de paix. Eygalières, c’est l’été grec au long des quatre saisons françaises.
François Nourissier
de l’Académie Goncourt
__________
1916-2016 CENTENAIRE DE MARIO PRASSINOS
2016 marquera le centième anniversaire de la naissance du peintre Mario Prassinos. Pour lui rendre hommage plusieurs expositions sont prévues cette année :
Avignon, 22 avril - 30 juillet 2016
"Mario Prassinos : des cimaises à la scène"
- Maison Jean Vilar
Istanbul, Turquie, 25 mai - 14 août 2016
- Musée de Pera "Mario Prassinos, rétrospective"
Issoudun, 11 juin - 30 décembre 2016
- Musée de l'Hospice Saint-Roch
Mario Prassinos sera représenté dans l'exposition de la donation Zao Wou-Ki faite par Mme Marquet-Zao en octobre 2015 à la ville d'Issoudun
Saint-Rémy-de-Provence, 12 juin - 18 septembre 2016
- Musée Estrine "Mario Prassinos, les collections provençales"
- Musée des Alpilles, cabinet d'arts graphiques, "Estampes"
La Chaise-Dieu, 1er juillet - 18 septembre 2016
"Mario Prassinos, les peintures du Supplice"
Ménerbes, 30 juillet - 10 septembre 2016
- Galerie Pascal Lainé "100ème anniversaire de la naissance du peintre"
__________
A l’occasion de la parution en septembre chez ACTES SUD d’une importante monographie consacrée à l’œuvre peint de Mario Prassinos et pour le vingtième anniversaire de sa disparition le 23 octobre 1985, la Galerie Pascal Lainé et l’Artothèque François Cance présenteront au Château des Alpilles à Saint-Rémy de Provence, un important ensemble d’œuvres (huiles sur toile et sur papier, encres et dessins sur papier) de Mario Prassinos, représentatives de l’écriture très particulière de cet artiste majeur de l’après-guerre, considéré par les critiques comme l’artiste grec le plus important de sa génération (M. Ragon). Dans un même temps, des œuvres de petits formats seront présentées à la Galerie Pascal Lainé à Avignon.
Sa famille, des Grecs de Constantinople, émigra en France en 1922 ; artiste précoce, Prassinos fut à l’âge de 20 ans aux côtés des surréalistes, avec sa sœur Gisèle.
Il fut également un des plus éminents cartonniers de tapisseries, mais aussi illustrateur d’ouvrages (Apollinaire, Sartre, Queneau, Poe …), auteur de décors de théâtre et de costumes (pour Jean Vilar à Avignon, Marcel Maréchal, la Scala de Milan, le TNP de Paris …), graveur, sculpteur, auteur de très nombreux cartonnages pour la célèbre collection de la NRF, et enfin écrivain ("Les Prétextats", "La Colline Tatouée"). Il comptait ses meilleurs amis dans le milieu littéraire : Camus, Char, Max Jacob, Queneau, Nourissier, Seghers ou les Gallimard…
Il choisit dès le début des années 50 de s’installer à Eygalières, face à la chaîne des Alpilles, pour se consacrer à sa peinture. Il fut profondément attaché à cette Provence, dont les musées abritent certaines de ses œuvres majeures ainsi que plusieurs de ses expositions personnelles. L’œuvre peint de Prassinos, qui fut présenté à la Galerie de France, est à la fois singuliére, intemporelle et très personnelle, et a de ce fait, échappée, à son époque, à toute tentative de classement au sein des divers mouvements artistiques de l’après-guerre.
Les expositions du Château des Alpilles et de la Galerie Pascal Lainé préludent à des rétrospectives dans des institutions grecques où son travail est redécouvert depuis quelques années. Elles couvrent l’ensemble de l’œuvre peint de Prassinos, depuis les débuts surréalistes jusqu’à 1985, année de son décès. Prassinos débusque dans le paysage les empreintes du temps et de sa propre mémoire. Son travail pictural, fortement marqué par ses racines méditerranéennes, privilégie l’usage systématique du noir et du blanc, laissant s’exprimer en clair-obscur la violence de la lumière du sud.
Ces expositions mettront en lumière l’écriture si particulière de Prassinos, à la fois instinctive (en ce sens que le geste de l’artiste laisse à la peinture ou à l’encre son côté aléatoire) et dirigée, dans ses différentes formes expressives. Les périodes présentées essentiellement :
- Les Troupeaux : "Je peignis des vaches et Jean Lescure vit (avant moi) dans ces accumulations de mufles et de cornes, la réapparition de la figure" M. Prassinos.
- Les Paysages des années 50 et 60 marqués par la découverte de la Provence et l’installation à Eygalières.
- Les Portraits (Prétextats, Suaires…).
- Les majestueuses encres sur papier des Alpilles (100 x 150 cm) - les collines tatouées de signes devenant un songe minéral - relèvent d’une écriture calligraphique, allant d’un dépouillement presque abstrait jusqu’à l’exubérance des arabesques orientales.
- L’impressionnante série des Paysages Turcs, vibrants d’un fourmillement de gouttes de peinture projetées sur la toile, créant ainsi une potentialité d’images multiples. L’exposition comprendra quelques-unes des grandes toiles si intenses et mystérieuses, réalisées pour l’exposition du Grand Palais de 1980.
- La série des Arbres, huiles sur papier. Ce dernier travail trouvera son accomplissement avec les Peintures du Supplice, destinées à la Chapelle Notre Dame de Pitié, à Saint-Rémy-de-Provence (siège de la Donation Prassinos à l’Etat). Cette série est l’ultime et émouvant message artistique de Prassinos, dans lequel l’arbre prend forme humaine pour témoigner de la souffrance de l’homme et de sa capacité à surmonter cette même souffrance par le don de soi.
Le paysage et la figure humaine, autre grand thème de Prassinos, finissent par se confondre pour émerger du tableau, l’artiste opérant dans les deux cas un travail de mémoire sur ses origines. "Une œuvre d’art n’a pas qu’un seul sens" écrivait Prassinos. Il nous démontre que la nature, riante ou tragique, humaine, minérale ou végétale, nous renvoie aux plus profonds de nos rêves.
Article paru dans Art Point France Info le 23 mars 2006
__________
Du cyprès de "Meltem", 1959, aux arbres-crucifix de la fin, Prassinos a beaucoup regardé, interprété et peint les arbres. Ce qui m'autorise à évoquer celui-là que vous connaissez, qui, au terme d'une métamorphose célèbre devient une peinture abstraite de Mondrian. Les " Troupeaux " qui forment l'essentiel de cette exposition, peintures nées en Dordogne vers 1945-1950, sont encore " figuratifs " - voici des boeufs, des vaches et des veaux - mais révèlent la façon dont Prassinos dans peu de temps, échappant aux influences, découpera et organisera l'espace dans ses tapisseries. Entre les chats maigres et les jeux surréalistes des débuts, et les œuvres composées, raisonnées, des trente années de grande création, les " Troupeaux " illustrent le passage du volontaire au spontané, du sujet au style. Quant aux " cafetières " et " cuisinières " qui complètent l'exposition, elles rappellent que Prassinos est un peintre intelligent, c'est à dire farceur. Clin d'oeil à Braque. A Belvès, l'artiste a juste la trentaine et il est en train de devenir soi-même. Bientôt, il sera un des créateurs les plus inventifs et libres de sa génération. Assistons à sa naissance.
François Nourissier
de l’Académie Goncourt (pour l'exposition de Gordes en 1998)
__________
Bibliographie :
1916 |
Naissance le 30 juillet à Constantinople, d’origine gréco-italienne.
Engagé volontaire en 1939. Il est naturalisé français en 1949. |
1922 |
La famille s’installe en France, à Nanterre puis à Paris. Lycée, Faculté de Lettres, École des Langues Orientales. Il vit, de 18 à 23 ans, l’expérience surréaliste. |
1938 |
Première exposition personnelle à la galerie Billiet-Vorms à Paris. Portraits de chats, de guerriers et de femmes. |
1942 à 1950 |
Collaboration avec les Éditions de la N.R.F. Nombreuses illustrations gravées pour des textes de Queneau, Sartre, Apollinaire, Rimbaud et Poe. |
1947 |
Première scénographie pour Jean Vilar au T.N.P. et au Festival d’Avignon. |
1949 |
Série des TROUPEAUX. |
1951 |
Il achète sa maison d’Eygalières en Provence. Série des ALPILLES. |
1958 |
Long séjour en Grèce dans l’île de Spetsai. Encres et huiles sur papier : les CYPRÈS. |
1959 |
Série des ARBRES dont Meltem. Série des PAYSAGES. |
1961 |
Il est fait Chevalier des Arts et des Lettres. |
1962 à 1963 |
Série des BOUQUETS et de nombreuses encres de Chine sur papier : les CYPRÈS en 1957 et 1958, les ALPILLES de 1951 à 1976. |
1953 à 1976 |
Expositions régulières à la Galerie de France à Paris. |
1952 à 1985 |
Réalisation de plus de 150 cartons de tapisserie qui sont tissés à Aubusson ainsi que dans les manufactures des Gobelins et de Beauvais. Ces tapisseries sont exposées à la galerie La Demeure jusqu’en 1974. |
1962 à 1975 |
Travail sur le Portrait : de 1962 à 1964, portraits de BESSIE SMITH. |
1963 à 1970 |
Portraits du grand-père PRÉTEXTAT. |
1969 à 1975 |
Portraits du père PRÉTEXTAT. |
1974 à 1975 |
Les SUAIRES. |
1966 |
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. |
1973 |
Il écrit Les Prétextats, qui paraît aux Éditions Gallimard. |
1970 à 1980 |
Il commence à travailler aux PAYSAGES TURCS. |
1976 |
Long séjour à Mycènes en Grèce où il commence la rédaction de La Colline tatouée. Le livre paraît aux Éditions Grasset en 1983. |
1980 à 1984 |
Plusieurs centaines de peintures à l’huile sur papier qui développent peu à peu le thème de l’ARBRE. |
1981 |
Il est fait Officier des Arts et des Lettres. |
1985 |
Il travaille aux PEINTURES DU SUPPLICE destinées aux murs de la chapelle N.-D. de Pitié à Saint-Rémy-de-Provence. |
Mario Prassinos fait don à l’État français d’une synthèse de son œuvre : peintures, dessins, gravures, tapisseries, estampes. Selon ses vœux et au terme d’une convention, cette collection est confiée à la FMP DONATION MARIO PRASSINOS qui est inaugurée le 12 juin 1986.
Mort de Mario Prassinos le 23 octobre 1985.
__________
Principales expositions :
2016 |
Musée de l'Hospice Saint-Roch, Issoudun, France |
|
100ème anniversaire de la naissance du peintre, Galerie Pascal Lainé, Ménerbes, France
|
|
"Mario Prassinos, rétrospective", Musée de Pera, Istanbul, Turquie |
|
"Mario Prassinos, les collections provençales", Musée Estrine, Saint-Rémy-de-Provence, France |
|
"Estampes", Cabinet d'arts graphiques, Musée des Alpilles, Saint-Rémy-de-Provence, France |
|
"Mario Prassinos : des cimaises à la scène", Maison Jean Vilar, Avignon, France |
2015 |
"DREAM", exposition sur le thème du rêve, Galerie Skoufa, Athènes, Grèce |
|
"Dessine-moi une collection", Musée d'Art Moderne de la ville de Troyes, France
|
|
"VUES" Un siècle de regard sur les Alpilles, Musée Estrine, Saint-Rémy-de-Provence, France |
|
Nouvel accrochage de la collection permanente, Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, Angers, France |
2014 |
"Summing up 1979-2014", Galerie Medousa, Athènes, Grèce
|
|
"L'aventure d'une passion", Lieu d'Art et Action Contemporaine, Dunkerque, France
|
|
Beauvais 350 ans, portraits d'une manufacture, Galerie nationale de la tapisserie, Beauvais, France |
|
Shakespeare, l'étoffe du monde, Centre National du Costume de Scène, Moulins, France
|
|
L'Art Moderne au musée de la Cour d'Or, un regard sur le 20ème siècle, Metz, France |
|
ARTAPESTRY3, Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, Angers, France |
2013/2014 |
Die Widmung / La Dédicace, Centre national de Littérature, Mersch, Luxembourg
|
|
Musée Réattu, Les collections du musée des beaux-arts d'Arles, France |
|
Les artistes de La Demeure, Galerie Chevalier, Paris, France |
|
Gobelins par Nature, Éloge de la Verdure, Galerie des Gobelins, Paris, France |
2012 |
Museum of Contemporary Art of the Basil & Elise Goulandris Foundation in Andros, Andros, Grèce |
|
Bechtler Museum of Art, Levine Center for the Arts, North Carolina, Charlotte, USA
|
|
Bibliothèque municipale Joseph Romanille, Saint-Rémy-de-Provence, France
|
2011/2012 |
Musée Français de la Carte à Jouer, Issy-les-Moulineaux, France |
2011 |
Art Élysées, galerie Berthet-Aittouares, Paris, France |
|
Art Athina, Galerie Medousa, Athènes, Grèce |
|
Musée de l'Hospice Saint-Roch, Issoudun, France |
|
Galerie Martel-Greiner, Paris, France |
|
Coulentianos-Prassinos, Galerie Medousa, Athènes, Grèce |
2010 |
Art Élysées, galerie États d'Art, galerie Les Yeux Fertiles, Paris, France |
|
Galerie municipale, Nicosia, Chypre |
2009/2010 |
Centre d'Art des Pénitents Noirs, Chapelle des Pénitents Noirs, Aubagne, France |
2009 |
Maison de la Nature des Quatre Frères, Ollioules, France |
|
Art Élysées, galerie États d'Art, Paris, France |
|
Hommage aux peintres d'Eygalières 1950/1980, Eglise Saint-Laurent, Eygalières, France |
|
Galerie Guillaume, Paris, France |
2008/2009 |
Maison de Victor Hugo, Hôtel de Rohan-Guéménée, Paris, France
|
2006 |
Mémoire de scène, Les costumes du festival, Avignon, France |
|
Galerie Pascal Lainé, Avignon, France |
|
Château des Alpilles, Saint-Rémy-de-Provence, France |
|
Galerie La Hune Brenner, Paris, France |
2005 |
Galerie Vieille du Temple, Paris, France |
2003 |
Galerie La Hune-Brenner, Paris, France |
2001 |
Fondation Kydoniefs, Andros, Grèce |
1998 |
Galerie Pascal Lainé, Gordes, France |
|
Librairie-galerie Claude Oterelo, Paris, France |
|
Musée Toulouse-Lautrec, Albi, France |
1997 |
Librairie-galerie Nicaise, Paris, France |
1995 |
Les portraits de la mémoire, Donation Mario Prassinos, Saint-Rémy-de-Provence, France |
1993 |
Grand-Palais, Salon des Arts Graphiques Actuels, Paris, France |
1991 |
Pavillon des Arts, Paris, France |
|
Galerie Titanium, Athènes, Grèce |
|
Peintures d'artistes, Chapelle N.-D. de Pitié, Saint-Rémy-de-Provence, France |
1990 |
Les Cinq ans de la Donation Mario Prassinos, Saint-Rémy-de-Provence, France
|
1989 |
Galerie Inard, Paris, France |
|
Le Portrait dans la Donation, Chapelle N.-D. de Pitié, Saint-Rémy-de-Provence, France |
1988 |
Mario Prassinos et le Théâtre, photographies d'Agnès Varda et de Lucien Clergue, Maison Jean Vilar, Avignon, France |
|
Mario Prassinos et le Théâtre, Chapelle N.-D. de Pitié et l'Hôtel de Sade, Saint-Rémy-de-Provence, France |
|
Galerie 5, Bonnieux, France |
|
Salon International des Musées et Expositions, Grand-Palais, Paris, France
|
|
Musée Jacquemart André, Paris, France
|
|
|