► Expositions dans le cadre du Xème Parcours de l'Art ► Avignon 2004
► Expositions dans le cadre du XIIème Parcours de l'Art ► Avignon 2006
Tout est parti d'un geste de colère, un papier froissé puis jeté. Ce papier une fois déplié a laissé entrevoir des motifs et surtout des visages.
Au départ, la mise en relief s'est faite au fusain, puis au pastel, et actuellement à la peinture à l'huile.
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Les mises en plis de Flamine
Désormais Maryse Granier signe Flamine. Cette Institutrice, à la retraite depuis deux ans, réalise des reliefs à partir de journal froissé. Elle assemble des pages de La Provence, son quotidien, les colle puis les froisse. Au hasard des plis ainsi obtenus, elle découvre des formes qu’elle souligne de peinture rouge, noire ou blanche. « Je vois toujours quelque chose », dit-elle. Au début, ce quelque chose était des personnages, des animaux tout à fait figuratifs. Mais petit à petit les formes soulignées sont devenues abstraites et son travail de plus en plus intéressant. Parfois elle met en valeur des mots qui apparaissent entre deux pliures : « horreur… erreur… couleur… ». Tout récemment elle s’est ouvert de nouvelles perspectives en froissant des papiers de pub colorés. Jusque-là, par une sorte de souci de sobriété et de d’économie de moyens, Flamine n’utilisait que les trois couleurs de peinture à l’huile qu’elle avait trouvées dans un fond de tiroir. Son luxe, le cramoisi d’alizarine qu’elle rachète en gros tube, parce qu’elle aime le rouge. Après avoir enseigné pendant vingt ans aux enfants de maternelle à Maubec et à Avignon, Maryse Granier a transformé son petit deux pièces avignonnais en atelier. Encore tout étonnée de l’intérêt que le galeriste Pascal Lainé a porté à son travail, elle se prépare non sans émotion à sa première exposition. On peut la considérer comme l’une des découvertes de ce Parcours de l’art.
Isabelle Scheibli, Le guide exposition de l'Hebdo Vaucluse 8 octobre 2004
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Elle a pris sa retraite d'institutrice il y a trois ans, et s'est mise à faire des tableaux avec son journal La Provence. A 61 ans, Maryse s'offre une première expo en forme de révélation au parcours de l'art
C’est un petit bout de femme aux cheveux gris, taillés courts. Elle a été institutrice tout au long de sa vie. A enseigné aux enfants de Maubec, puis de l’école Thiers, à Avignon. La retraite venue, il y a trois ans, elle s’est dit « qu’elle ne pouvait pas rester sans rien faire ». Alors, cette amie des mots et des formes a pris une feuille de papier canson, a tenté de dessiner, puis insatisfaite, a froissé la feuille, l’a jetée par terre de rage.« C’est comme ça que tout a commencé. Par un geste de colère », se souvient-elle.
Un geste qu’elle n’est pas près de regretter, car il a fait d’elle une plasticienne heureuse, savourant tout les jours le plaisir immédiat de créer. « J'ai ramassé le papier froissé, je l'ai déplié, j'ai trouvé que cela faisait des motifs intéressants, et j'ai commencé à travailler à partir de ça », raconte encore Maryse Simeon-Rigobert, alias Flamine, son son d'artiste.
L'inspiration aidant, elle a vite cherché un matériau disponible en quantité, peu coûteux, stimulant sa créativité. Elle s'est saisie du journal, qu'elle achète tous les matins selon un rituel immuable, et c'est ainsi que La Provence est devenue, outre une source d'informations précieuses, son matériaux de prédilection.
Métamorphoses
Froissé, puis étalé, collé, retravaillé à la peinture, le journal se prête à toutes les métamorphoses. Flamine saisit au vol les opportunités que lui offre le hasard, après froissage. Met en relief un mot, un fragment de titre taillé, compressé, joue avec l'allure familière de la titraille, avec les brèves, les aplats de couleur et les pavés de pubs, comme ce pavé noir relevé de blanc, qu'elle a intitulé « nuit blanche ». Elle jongle avec les photos qui viennent glisser ici et là une présence, un visage connu ou inconnu, intact, détourné, déformé...
L'actualité parfois fait irruption dans le tableau. « Bagdad » compte parmi les compositions faites pendant la guerre en Irak. Telle victoire de l'OM introduit naturellement du bleu et blanc. Rien de prémédité pour autant. Flamine ne joue qu'avec l'aléatoire, flirte avec l'inattendu. Et se fait plaisir en donnant, pour finir, un nom incongru à sa création, « Cola », parce qu'un fragment de pub s'est glissé là opportunément, « SAM » pour un mot tronqué qu'elle a laissé émerger.
Succès
Un peu avant le parcours de l'art, l'artiste est venue montrer son travail à Pascal Lainé, galeriste à Avignon, connu pour exposer des « pointures » comme Downing, Steffens... Il a misé sur ce talent inconnu. « J'ai aimé son coté autodidacte, sa spontanéité, son humilité aussi. Ce qu'elle fait ne m'a fait penser à personne d'autre, c'est très personnel »
C'est ainsi quà 61 ans, Maryse alias Flamine s'offre sa première expo, en forme de révélation, dans le cadre du parcours de l'art à Avignon. Un vrai succès. Ses créations à base de journal se vendent - - presque - - comme des petits pains. « Le vernissage, c'était un état de grâce », raconte l'artiste, encore un peu euphorique.
Le temps de visites scolaires à la galerie, elle renoue brièvement à ses premières amours, explique l'art aux enfants avec des mots simples. Puis retourne dans son petit deux-pièces où elle étale ses feuilles de journal dans la salle à manger avant de les épingler à la porte du couloir. Et continue ainsi son tête à tête familier avec son quotidien préféré.
Carina Istre, La Provence du 21 octobre 2004
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